Basée à Hong Kong, Seeing Cheung, vice-présidente adjointe chez SHK Private, décrypte les marchés financiers de Chine continentale et de Hong Kong.
Elle fait le point sur les récentes mesures de contrôle des changes mises en oeuvre par les autorités de l’Empire du Milieu. (Available in English)
« Anticipant la poursuite de la dépréciation du Renminbi, les Chinois du Continent essaient de placer leurs économies à l’étranger. »
Comment analysez vous les restrictions imposées par les autorités chinoises à UnionPay ?
Samedi dernier (29 octobre), avant minuit, les Chinois continentaux faisaient la queue en masse devant les bureaux des assureurs. Ils venaient tout juste d’apprendre l’interdiction d’utiliser les cartes de crédit ou de débit UnionPay pour placer des liquidités (ou racheter) en produits d’assurance hongkongais incluant une faculté d’investissement. Dorénavant, seules les acquisitions d’assurances hongkongaises contre les accidents, décès ou maladies sont permises. Ces mesures de contrôle des devises s’inscrivent dans la volonté de la Chine d’endiguer à tout prix la progression des sorties de capitaux de son territoire. Anticipant la poursuite de la dépréciation du Renminbi, les Chinois du Continent tentent de placer leurs économies à l’étranger autant que faire se peut. Dans ce cadre, les produits d’assurances offerts au Port au parfum sont un véhicule de placement des plus appréciés. Au premier semestre 2016, les Chinois continentaux ont acheté des polices d’assurance vendues à Hong Kong pour un montant total de 30,1 milliards de Hong Kong dollars (3,85 milliards de dollars), à peine un peu moins que la somme atteinte pour toute l’année 2015.
Ces mesures seront-elles efficaces ?
La seule possibilité qui reste aux Chinois du Continent, souhaitant placer leurs revenus en assurances vendues à l’étranger, est d’utiliser les cartes bancaires Visa ou Mastercard délivrées par leurs banques chinoises… Les coûts de transactions seront toutefois plus élevés. Les assureurs de Hong Kong devraient donc être affectés par un certain manque à gagner. Quoi qu’il en soit, les Chinois fortunés étudient tous les moyens possibles afin de contourner les restrictions en vigueur, qui, en théorie, limitent leurs investissements à l’étranger à 50 000 dollars par an.
Quelles sont vos anticipations concernant le Renminbi ?
La dépréciation de la devise chinoise est toujours à l’ordre du jour. La People’s Bank of China (PBOC) accompagne ce mouvement de manière graduelle afin d’épauler les exportations du pays, ainsi que les restructurations industrielles. Il suffit de visiter Donngguan, réputée être l’ancienne « usine du monde », pour se rendre compte de l’étendue de la rationalisation en cours. De fait, l’indice composite du taux de change en Renminbi du China Foreign Exchange Trade System (CFETS) – le CFETs RMB index basket – , qui mesure la valeur de la devise chinoise par rapport à un panier de 13 devises (dont le dollar, l’euro, le yen, ou la livre sterling), est en train de perdre du terrain. En même temps, la baisse de la devise chinoise par rapport au billet vert, interrompue par les incertitudes concernant les élections américaines, devrait se poursuivre également. Tandis que les devises des régions du Sud Est de l’Asie se sont fortement affaiblies l’année dernière, les autorités chinoises doivent intervenir afin de maintenir la compétitivité du Renminbi.