Dossier spécial « fintech » à Hong Kong : Rencontre avec Charles Ng, directeur-général associé de InvestHK
(Available in English) Charles NG commente les atouts de Hong Kong dans les technologies de la finance (fintech), comme centre financier international et porte d’entrée sur la Chine continentale. Il explique aussi comment le Port au parfum ambitionne de devenir un laboratoire de technologies privilégié.
• Quel est le positionnement de Hong Kong dans les fintech ?
Avec sa position unique, Hong Kong dispose de tous les ingrédients pour devenir une plate-forme des fintech de premier plan. D’abord parce que la plupart des acteurs susceptibles d’être directement impliqués dans les technologies de la finance y sont présents : La Région Administrative Spéciale de Hong Kong (HKSAR) est à la fois le centre financier international de la Chine et l’une des plus grandes places financières mondiales. Ses services financiers représentent plus de 16 % de son PIB, avec notamment 70 des 100 plus grandes banques mondiales, plus de 370 sociétés de « private equity », etc. Au total, à Hong Kong, 203 institutions financières (pour majorité étrangères) fournissent des activités de financement.
Toutes les grandes plates-formes chinoises de commerces (et de paiements) électroniques y sont installées également, au nombre desquelles, Alibaba, Taobao, JD.com. Cette proximité géographique exceptionnelle est propice à la multiplication des échanges d’idées, de tests grandeurs natures et de partenariats favorisant la promotion rapide des marques de l’Ouest en Chine, le plus grand marché au monde de « l’e-commerce ». L’un des atouts majeurs de Hong Kong est d’être la porte d’entrée sur la Chine continentale, lui permettant de se hisser au rang de laboratoire de technologies privilégié.
De plus, Hong Kong bénéficie de l’un des débits internet les plus rapides et les moins chers du monde, accueillant tous les grands opérateurs de télécommunications internationaux (dont trois des plus grands importants acteurs chinois) sur son territoire. Le Port au parfum offre d’ailleurs un accès sans entrave à tous les réseaux, qu’ils soient occidentaux ou de Chine continentale. Son voisinage avec Shenzhen (atteignable en 15 minutes à partir de 2017 par train rapide), capitale mondiale du matériel informatique « hardware », procure aussi un avantage d’approvisionnement indéniable.
• Quelles sont les technologies jugées d’avenir à Hong Kong ?
Au cours des deux prochaines années, nous allons concentrer nos efforts sur les domaines dotés du plus fort potentiel de croissance, en particulier la cybersécurité, la sécurité des réseaux, la confidentialité des données. Toutes ces technologies sont promises à une forte expansion à Hong Kong, ainsi que celles associées au paiement, à la compensation et au règlement des achats en ligne. L’informatique dématérialisée (« cloud computing ») sera à l’honneur, ainsi que tout ce qui a trait aux méga-données (« big data »), au « blockchain » (« la chaîne de blocs ») ou aux applications digitales (« apps »).
Ce déploiement des fintech concerne tous les types d’entreprises, les petites comme les grandes qui sont confrontées à la nécessité de moderniser leur approche afin d’éviter une « perturbation » (« disruption ») de leur modèle d’affaires traditionnel. Celles-ci peuvent tout à fait créer leurs propres outils en interne, agrandir leur écosystème de recherche et développement sur place ou choisir de cofinancer les « startups » jugées prometteuses introduites sur le sol hongkongais. Force est de constater que les petites et moyennes entreprises (de moins de 20 personnes) y sont nombreuses, représentant 68 % des sociétés de Hong Kong. Cette tendance a toute les chances de se renforcer. Notons que le nombre de startups a déjà augmenté de 46 % en un an.
• Les infrastructures dédiées à l’expansion des fintech vont-elles encore s’étoffer ?
Assurément. En trois ans, le nombre d’espaces de travail en commun (« coworker spaces ») s’est accru de 45, tandis que 12 se sont créés en 18 mois, dont certains spécifiquement destinés à l’incubation et à l’accélération de développement de startups. Ces multiples bureaux adaptés abritent les entrepreneurs bénéficiant de programmes de mentorat, qui sont sponsorisés par des groupes privés, financiers ou non.
On compte parmi eux le « Supercharger » basé à TusPark (Kowloon), sponsorisé par Standard Chartered, Baidu, TusPark Global Network (TGN) et le Hong Kong Exchanges and Clearing Limited (HKEx). Le « Fintech Innovation Lab Asia-Pacific » créé par Accenture, associé à dix institutions financières dont HSBC, UBS et Morgan Stanley, est basé, quant à lui, à Cyperport (à Pok Fu Lam). Plus à l’est de l’île de Hong Kong, à Wan Chai, l’on trouve les locaux de Nest.vc, l’incubateur sponsorisé par Infiniti, AIA et la banque singapourienne, DBS.
Sans oublier la mobilisation des facultés, à l’instar de l’installation prochaine (à l’été) d’un « Innovation Node » (« Nœud d’Innovation ») avec le Massachusetts Institute of Technology (MIT). Cet espace de coopération mobilisera des étudiants du MIT et des chercheurs afin d’approfondir divers projets de recherche et entrepreneurial, aux côtés d’étudiants basés à Hong-Kong, d’anciens élèves du MIT et des entrepreneurs.
Un autre moteur de déploiement de nos infrastructures destinées aux fintech est la contribution budgétaire croissante de la HKSAR. Pour 2016, nous prévoyons par exemple d’agrandir Science Park (de 70 000 mètres carrés), pour un coût estimé à 4,4 milliards de HK dollars. De même, 3 000 mètres carrés au sein de « Cyberport’s Smart-Space » seront attribués aux fintech, afin de mener des programmes d’incubation de 150 entreprises en démarrage, au cours des cinq années à venir. Cyberport bénéficiera d’ailleurs de 200 millions de HK dollars supplémentaires afin d’investir dans ses startups.
• Comment les fintech se financent-elles à Hong Kong ?
De plusieurs façons, grâce à l’implication du secteur privé mais aussi de celle, grandissante, du secteur public. Portées par ce soutien, les fintech peuvent dorénavant profiter de l’Innovation and Technology Fund (ITF), de l’Innovation and Technology Venture Fund mais aussi du Cyberport Macro Fund. Grâce à ces trois schémas de financements, 5 milliards de HK dollars sont disponibles, prêts à être placés en entreprises ou en projets de recherche.
Le secteur privé également est encouragé à investir. Il peut solliciter le « Entreprise Support Scheme » de l’ITF, qui offre de cofinancer (un dollar pour un dollar) jusqu’à 10 millions de HK dollars par projet de recherche et développement (R&D) identifié. Les institutions financières et les startups peuvent utiliser ce procédé afin d’inventer de nouveaux produits et services. Celles qui reçoivent ce type financement peuvent en outre s’enregistrer au « Cash Rebate Scheme », une initiative permettant de recevoir une remise de cash allant jusqu’à 40 % (contre 30 % en 2015) des dépenses destinées à un projet de R&D.
Il va sans dire que les investisseurs européens (entreprises, « family office », capitaux investisseurs, etc.) sont les bienvenus afin de participer au rayonnement des fintech à Hong Kong. En tant que plate-forme internationale, nous cherchons aussi à tisser des liens avec les autres pépinières, à l’image de celle de la halle Freyssinet, à Paris.
InvestHK
InvestHK à Paris
Laurent Sansoucy, « lead consultant » :
( +33 1 43 87 56 40)
LSansoucy@investhk.com.hk
Invest Hong Kong’s StartmeupHK
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