En direct du 22e forum CLSA des investisseurs : Relativiser la décélération chinoise
Le pessimisme à la mode concernant l’économie chinoise est excessif, selon les experts financiers de CLSA s’exprimant lors de l’ouverture (le 14 septembre), à Hong Kong, du 22e forum CLSA des investisseurs (« CLSA investors’ forum »).
« Le rôle attribué à l’économie chinoise dans le ralentissement de l’activité mondiale est exagéré. La faiblesse actuelle de la croissance mondiale vient d’abord de la contraction des prix des matières premières, de celle des échanges commerciaux, puis, par ricochet, d’une plus faible demande manufacturière, » relève Eric Fishwick, « head of economic research », chez CLSA.
Les pays qui « souffrent le plus de ce phénomène sont les pays émergents exportateurs de matières premières et ceux qui dépendent surtout de l’exportation de produits manufacturiers, » précise l’économiste. Ceci n’est pas le cas de l’Empire du Milieu.
Christopher Wood, « equity strategist » de CLSA, rappelle notamment que « le secteur tertiaire représente dorénavant 49,2 % du PIB nominal annualisé de la Chine (au deuxième trimestre 2015) », à comparer à 41,7 % pour l’industrie. La part des services dans l’économie chinoise a dépassé celle de l’industrie en 2012.
Bonne tenue des salaires
Autre remarque allant à contre courant du consensus, « les autorités chinoises luttent moins pour soutenir la consommation domestique que la plupart des observateurs ne le pensent. Elles n’ont pas pris de mesures de soutien supplémentaires destinées à compenser le manque à gagner de croissance lié à la faiblesse de la demande extérieure, » observe Eric Fishwick. Pourquoi ? « Les autorités chinoises n’ont pas vu la nécessité de réaliser des efforts complémentaires car les données officielles du marché du travail ne traduisent pas de diminution des salaires. » Aujourd’hui, le nombre d’offres d’emplois dépasse celui des demandes. A l’avenir, il faudra toutefois vérifier que les créations d’emplois du secteur des services prennent effectivement le relais de celles de l’industrie en restructuration, et si l’ancienne main d’œuvre manufacturière sait s’y adapter.
« L’objectif des autorités chinoises est de soutenir la tendance structurelle de l’activité et non de la dépasser, » estime l’expert, tablant sur une croissance du PIB chinois de 6,5 % en 2015.
La réforme des SOE programmée
En même temps que de s’assurer de la bonne tenue de la consommation, le gouvernement doit poursuivre le programme de désendettement du pays. Cette action passe, bien sûr, par l’extinction du « Shadow Banking » (finance parallèle). Elle se traduit également par le gommage progressif des excès de dettes logées dans les collectivités locales ou dans les entreprises (63 % environ de la dette globale chinoise), hérités des plans massifs d’investissement de la fin des années 2000. Cette transition incontournable explique que la restructuration des SOE (entreprises contrôlées par l’État), représentant 60 % environ de la dette des entreprises chinoises, soit plus que jamais à l’ordre du jour. Comme en témoigne l’annonce, dimanche (13 septembre), de la publication des directives de réformes concernant ces acteurs gigantesques. « Le moteur de la Chine est son économie privée. La perspective de voir émerger d’autres acteurs plus efficients qu’auparavant est une bonne nouvelle, » commente ainsi Jonathan Slone, « chairman » et « chief executive officer » de CLSA.