La Chine, déjà troisième économie tertiaire du monde
« Les services offrent un filet de sécurité » à l’économie chinoise, observe Francis Cheung, « head of China, Hong Kong strategy » de CLSA, s’exprimant à l’occasion du forum des investisseurs de CLSA à Hong Kong. La Chine est déjà la troisième plus grande économie mondiale en terme de production tertiaire, après les États-Unis et l’Union européenne, mais largement devant le Japon, l’Allemagne ou le Royaume-Uni.
Croissance moyenne annuelle de 9,1 % depuis 2007
Les services sont non seulement devenus, dès 2012, le secteur d’activité principal de l’Empire du Milieu mais également celui qui engrange la plus forte croissance. Au cours de la dernière décennie, le secteur tertiaire a progressé à un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 17 %. Il représente désormais 48 % du PIB chinois, une taille presque équivalente à celle de la consommation (51 % du PIB).
« Si l’évolution de l’investissement est un indicateur pertinent du développement manufacturier, l’augmentation de la consommation, pour sa part, constitue un indicateur fiable de l’expansion des services. Effectivement, depuis 2007, la hausse de la consommation chinoise s’est avérée très régulière, d’en moyenne 8,7 % par an, à comparer à un accroissement moyen annuel des services de 9,1 %, » indique Francis Cheung.
Le plus grand employeur
Le secteur des services est aussi le plus grand employeur de la Chine. Il génère 41 % du total des emplois chinois (à comparer à 30 % environ pour l’industrie, ou, pour l’agriculture). La création d’emplois s’y avère en outre robuste, participant à la plus grande partie des près de 14 millions d’emplois nationaux créés par an, au dessus de l’objectif de 10 millions par an, fixé par les autorités chinoises pour 2014 et 2015.
Les quatre plus importantes composantes du secteur des services – à savoir la vente en gros, le commerce de détail, la banque et l’assurance – contribuent à 63 % de ses emplois. Quant aux technologies de l’information, celles-ci font partie des activités où le nombre d’emplois créés s’est le plus accru depuis 2008. Cette évolution invite à l’optimisme, car, selon Elinor Leung, « head of Asia Internet and Telecom » chez CLSA, « internet est le futur de la Chine. »
« Une nouvelle Chine, sinon, pas de Chine »
« « L’internet plus » et le « Made-In-China 2025 » (montée en gamme de l’industrie chinoise) sont les moteurs de la croissance de l’économie. La Chine doit être nouvelle, sinon, il n’y aura pas de Chine, » déclare l’experte. Le pays dispose « du plus grand réseau 4G au monde, mais, d’un marché de consommation « offline » (hors connexion) sous développé, » constate la spécialiste.
C’est pourquoi « l’e-commerce » (commerce électronique), en croissance de 40 % en glissement annuel au premier semestre 2015, « l’e-finance » (finance digitale) et « les services « O2O » ( du « online » vers le « offline », ou, de l’« offline » vers le « online ») sont les prochaines grandes occasions d’expansion de l’économie chinoise, » insiste Elinor Leung.
Boom de l’« O2O »
Ce pari du passage à tous crins au digital ne paraît pas hors de portée. D’abord, les « smartphones 4G » se vendent à des prix attrayants, autour de 200 Renminbi en bas de fourchette (comme le Coolpad 5200S). De même, les tarifications d’utilisation de données mobile, proposées par le plus grand opérateur de téléphonie mobile de Chine (et du monde) China Mobile (CMCC), ont baissé drastiquement depuis un an.
Ces phénomènes aidant, « les utilisateurs de 4G pourraient dépasser les 600 millions avant 2016, les 900 millions en 2017 » estime Elinor Leung, confortée dans ses attentes par l’observation de l’explosion de l’utilisation des données digitales. Au mois de juin 2015, leur usage dépassait les 1700 petabytes, un bond de 94 % d’une année sur l’autre.
La demande pour les services « O2O » est déjà considérable car l’immensité et la densité des villes chinoises (30 millions d’habitants environ à Chongqing, près de 20 millions à Shanghai, etc.) compliquent les déplacements physiques d’un lieu à l’autre. Le côté pratique du « O2O », qui permet de choisir, commander, régler de façon électronique toutes sortes de services à domicile, n’a pas échappé aux ménages chinois. Aujourd’hui, les services « O2O » à succès sont ceux liés à la restauration, la distribution alimentaire, l’achat de tickets de cinéma, au ménage, à la santé, à l’éducation, aux services de transport, de massage, de beauté, etc. Ceux-ci sont proposés par les acteurs géants Baidu, Alibaba, Tencent, JD.com, Meituan ou 58.com, qui rivalisent d’idées et d’innovations. Car, ce n’est que le début de l’ère « O2O ». Comme l’anticipe Jack Ma, président d’Alibaba Group, la compétition entre ces groupes titanesques de la « nouvelle économie chinoise » promet d’être de plus en plus rude. Maintenant, il faut savoir comment fidéliser ces consommateurs d’avenir.
(Repris par www.lepetitjournal.com/hong-kong ; Le Petit Journal de Hong Kong )
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Source : CLSA
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Source : CLSA