Le 5ième Plénum du 18ième Congrès du PCC, pour redessiner les orientations chinoises
Le cinquième Plénum du dix-huitième Congrès du Parti Communiste Chinois (PCC), conduit par le président Xi Jinping, commence aujourd’hui et se tiendra à Pékin jusqu’au jeudi 29 octobre. Qu’en attendre ? L’annonce de grandes orientations et non de la prise de mesures de court terme. Cette rencontre n’en est guère le lieu, même si ce moment essentiel de la vie politique de la Chine en matière d’économie est très scruté par les marchés car il constitue « une occasion, pour les autorités chinoises, de communiquer leurs intentions, » commente Bei Xu, « global strategist » d’Exane Derivatives.
Ne pas se tromper de rendez-vous
L’éventuelle incompréhension du rôle véritable du Plénum dans le processus de gouvernance chinois, par des investisseurs en quête de communications aux effets immédiats, risque donc de raviver la volatilité des marchés financiers dans les jours à venir.
Ce cinquième Plénum « doit servir à définir le treizième plan quinquennal, qui déterminera les objectifs à moyen terme (2016-2020) de croissance, de hausse de revenus, et de développement sectoriel du pays. Il permettra d’affirmer la détermination du PCC à mener des réformes structurelles, sous la direction de Xi Jinping. Il n’est pas du tout certain, toutefois, qu’un agenda précis de réformes structurelles soit dévoilé, » nuance et explique Bei Xu.
Urbanisation et rééquilibrage régional
En revanche, les décideurs politiques chinois pourraient éventuellement dévoiler cette semaine la nouvelle cible de progression du PIB chinois, concernant la période couverte par le treizième plan quinquennal. « Le PCC pourrait fixer l’objectif moyen d’accroissement du PIB à 6,5 %. Il devrait identifier l’urbanisation, le rééquilibrage régional et la montée en gamme industrielle en tant que nouveaux moteurs de la croissance économique, » anticipe Chen Xingdong, responsable de la recherche macroéconomique Chine chez BNP Paribas.
Dans ce cadre, les secteurs d’activités jugés d’avenir, susceptibles de retenir toute l’attention du Plénum, devraient être « les services de l’information, la biochimie, les transports intelligents (« smart transportation »), les énergies nouvelles, la banque privée, la santé privée, le sport, la logistique, le tourisme, les services de retraite, la protection environnementale et le recyclage, » énumère l’économiste.
Les programmes de développements régionaux intégrés, destinés à accompagner cette modernisation, représentent, quant à eux, une immense partie du territoire de l’Empire du Milieu. Parmi ces programmes gigantesques d’intégration et de coordination, la recherche de BNP Paribas cite celui de « Pékin- Tianjin-Hebei », celui concernant le bassin du fleuve Yangtsé (à la superficie totale de 1 808 500 km2, représentant environ 1/5 de la superficie totale chinoise), de revitalisation industrielle de la Chine du Nord Est, de la croissance tibétaine ou du Xinjiang, sans oublier l’initiative « One Belt, One Road » (« Une Ceinture, Une route »)…
Modernisation financière
La concrétisation de telles ambitions ne va cependant pas sans l’expansion de canaux de financements efficients, accessibles aux acteurs privés mais aussi aux gouvernements locaux. La poursuite des réformes financières a donc toutes les chances d’apparaître à l’ordre du jour des discussions du PCC.
Cela dit, les autorités financières chinoises n’ont guère attendu la tenue de ces dernières pour accélérer la modernisation de la finance du pays, ainsi que l’internationalisation du Renminbi. A cet égard, soucieuse d’accroître les chances de la devise chinoise d’être inclue dans le panier constitutif des droits de tirages spéciaux (DTS / « Special Drawing Rights » : SDR) du FMI, la banque centrale chinoise (PBoC, « People’s Bank of China ») vient tout juste de supprimer les plafonds des taux de dépôts (le 23/10/2015). Autrement dit, elle vient de libéraliser le régime des taux d’intérêt du pays.
Ce tournant stratégique dans la politique monétaire a sans doute échappé aux investisseurs, surtout absorbés par les nouvelles baisses des taux d’intérêt (de 25 points de pourcentage) et de ratio de réserves bancaires (de 50 points de pourcentage) communiquées simultanément par la PBoC. Une annonce officielle peut en cacher une autre, beaucoup plus fondamentale.