La devise chinoise reconnue comme monnaie de réserve internationale
C’est officiel. La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a confirmé (dans la nuit du 30 novembre au premier décembre, heure de Hong Kong) l’intégration du Renminbi au panier constitutif des droits de tirages spéciaux (DTS / « Special Drawing Rights » : SDR). Celle-ci sera effective à partir du premier octobre 2016.
Le Renminbi devient ainsi la cinquième devise à rejoindre le panier constitutif des DTS, constitué de dollars US, d’euros, de yens et de livres sterling. « L’entrée de la devise d’un pays émergent devrait améliorer la représentation de l’économie mondiale au sein du FMI, » espère Aidan Yao, économiste senior Asie émergente d’Axa Investment Managers Asia. Quoi qu’il en soit, cette ouverture du FMI « est une marque de reconnaissance notable de l’importance croissante du Renminbi en tant que monnaie internationale, » analyse l’économiste.
Un accélérateur de réformes
En tous les cas, cette décision est bien plus que symbolique. Comme l’a d’ailleurs indiqué Christine Lagarde, lors de la conférence organisée à cette occasion, cette initiative constitue un accélérateur de réformes financières pour la Chine, en particulier celles concernant l’ouverture de son compte de capital. L’intégration de la devise chinoise au panier constitutif des DTS devrait en outre inciter « les investisseurs étrangers à considérer le Renminbi comme une nouvelle classe d’actifs. Cette étape sera un moteur des investissements vers les marchés de capitaux chinois, obligataires, d’actions mais aussi des changes, » précise Xingdong Chen, chef économiste Chine de BNP Paribas.
Rééquilibrage progressif des taux de change
A plus court terme, quelles sont les implications de cette mesure historique sur les cours du Renminbi ? « De nombreuses personnes s’attendent à un affaiblissement de la devise chinoise encore plus marqué à la suite de la concrétisation de son inclusion. Il est vrai qu’elle subit aujourd’hui des pressions à la baisse, » relève Xingdong Chen. Toutefois, selon l’expert, les autorités chinoises, telles la PBOC ( la Banque centrale de Chine) ou la SAFE (« State Administration of Foreign Exchange »), ont largement anticipé ce mouvement. « Elles ne laisseront pas les cours s’emballer, surtout après avoir déjà dépensé plus de 400 milliards de dollars US pour défendre le taux de change du Renminbi lors des derniers mois… Le CNH (Renminbi « offshore ») a cependant des chances d’être plus volatil que le CNY (Renminbi « onshore »), dont la stabilité devrait être maintenue jusqu’à septembre prochain, » prévoit l’économiste de BNP Paribas.
La future composition du panier constitutif des DTS
Source : AXA IM
D’importants afflux de capitaux à prévoir dans les années à venir
Source : Axa IM
L’intégration du Renminbi au panier constitutif des DTS « déclenchera un rééquilibrage de portefeuille par le FMI en faveur des actifs en Renminbi. Elle pourrait aussi provoquer une modification des décisions d’investissements de la part des autres investisseurs, officiels ou du secteur privé, » expose Aidan Yao, économiste senior Asie émergente d’Axa Investment Managers Asia. A ce jour, il évalue l’afflux total potentiel de capitaux (provenant d’investisseurs privés, officiels et supranationaux) induit par cette décision à 600 milliards de dollars au cours des cinq années à venir.
Convergence entre le CNH et le CNY
Source : BNP Paribas
Depuis que les autorités chinoises ont modifié (le 11 août 2015) la méthode de fixation des cours du Renminbi, afin de mieux refléter les vues du marché, l’écart entre les cours du CNH (Renminbi « onshore ») et du CNY (Renminbi « onshore ») se resserre.