Chine, un National People’s Congress (NPC) dédié au soutien de la croissance
Une Chine confrontée à de multiples défis mais combative, tel est le message qui ressort des discours prononcés par les autorités chinoises tout au long du week-end dernier, à l’occasion de l’ouverture du National People’s Congress (NPC). (http://www.lazuli-international.com/chine-un-national-peoples-congress-npc-sous-haute-surveillance/)
« Le développement de notre pays fait face à plus de difficultés et à de plus grandes… par conséquent, nous devons nous préparer à livrer une rude bataille, » a déclaré le Premier ministre chinois, Li Keqiang, lors de l’ouverture de la séance plénière.
Se référant au rapport de travail du gouvernement, dévoilé en cette quatrième session du 12ième NPC, Li Keqiang a indiqué que « afin d’achever la construction d’une société modérément prospère sous tous ses aspects, et de doubler le PIB de 2010 ainsi que le revenu personnel par habitant d’ici à 2020, l’économie chinoise aurait besoin de croître à un taux annuel moyen d’au moins 6,5 % au cours de la période des 5 ans à venir. » Pour 2016, cette ambition se décline en une croissance du PIB comprise entre 6,5 % et 7 %, un taux de progression favorable à une situation de « quasi plein emploi ». (Voir tableau ci-dessous) L’hypothèse d’un « atterrissage brutal » (« hard landing ») de l’économie de l’Empire du Milieu ne semble pas figurer parmi les options envisagées par les autorités chinoises. De plus, le maintien du niveau d’activité envisagé par le gouvernement sera assuré par le recours à une politique fiscale qualifiée de « proactive ».
Accroissement des dépenses budgétaires
Le déficit budgétaire de 2016 dépassera donc celui de 2015 (de 0,6 point de pourcentage), projeté pour s’établir à 3 % du PIB, à 2 180 milliards de yuan. (Voir tableau ci-dessous) Cet effort « devrait permettre à la Chine d’éviter un glissement de sa croissance économique et l’aider à avancer dans ses réformes structurelles, » expose Lou Jiwei, ministre des Finances chinois. Il constate notamment une avancée plus lente que prévu des réaménagements préconisés concernant le système de taxation. Il n’empêche, le remplacement de la taxe professionnelle (« business tax ») par la taxe sur la valeur ajoutée (« Value Added Tax », VAT) dans tous les secteurs (étendue ainsi à la construction, l’immobilier, la finance, et aux industries de services aux consommateurs) demeure à l’ordre du jour.
La fin des « Zombies »
L’autre priorité mise en exergue par le ministre des Finances est le combat contre les surcapacités industrielles : « Nous allons presser les gouvernements locaux et les entreprises d’accélérer leurs efforts afin de couper leurs surcapacités dans les industries de l’acier et du charbon, en procédant à des combinaisons de méthodes telles des fusions, réorganisations, restructurations de dettes, et des liquidations de faillites. » Tandis que l’intention affichée par le gouvernement est de réduire les surcapacités de ces deux secteurs de plus de 10 % dans les prochaines années, la fermeture sine die des entreprises dites « zombies » n’est plus un tabou. Observant (depuis 2014 au moins) la montée progressive du risque de crédit venant des entreprises industrielles, les grandes banques chinoises savent à quoi s’en tenir : Elles se préparent à user, dans une plus grande proportion qu’auparavant, des techniques de titrisation en recourant aux marchés financiers.
Quoi qu’il en soit, les employés des groupes touchés par ce nettoyage drastique ne devraient pas être totalement laissés-pour-compte : Un nouveau fond gouvernemental de 100 milliards de Renminbi devrait être dédié à leur formation puis à leur relocalisation.
Effort technologique
« Nous allons bouger plus rapidement afin d’améliorer et moderniser la structure de notre industrie tout en lançant des initiatives intégrant des technologies avancées, également susceptibles de tirer notre développement,» promet le Premier ministre, Li Keqiang. Pour y arriver, l’investissement en recherche et développement devrait, selon le Rapport de travail du gouvernement, atteindre 2,5 % du PIB de l’Empire du Milieu en 2020. Quant aux avancées scientifiques et technologiques, celles-ci devront contribuer à 60 % de la croissance économique.
Réaménagement du territoire
Un autre axe primordial de développement du pays retiendra toutes les attentions, celui du rééquilibrage entre les mondes urbain et rural, allié au renforcement des connectivités entre les diverses régions du pays. Le gouvernement chinois souhaite que les résidents permanents urbains représentent 60 % de la population chinoise d’ici à 2020 et que 45 % des Chinois soient enregistrés comme résidents permanents urbains. Dans ce contexte, 100 millions de personnes se verront octroyer une résidence urbaine, dont celles qui vivent dans des régions urbaines tout en demeurant enregistrées en zone rurale.
Afin d’ancrer les nouveaux habitants dans ces territoires revalorisés, 50 millions d’emplois supplémentaires devront être créés en zone urbaine en cinq ans, dont 10 millions cette année. Un chiffre gigantesque, dont l’ordre de grandeur fera sans doute rêver un peu les pays développés dotés de marchés du travail en manque de souffle.
Modernisation agricole
Il est en outre prévu que ce mouvement d’urbanisation s’accompagne d’une modernisation agricole. « Nous devons promouvoir des initiatives afin d’accroître la conservation des eaux en agriculture, les machines agricoles, l’industrie des semences, la distribution régionale, la production standardisée et les services agricoles commerciaux. L’offre, la qualité et la sécurité des cultures vivrières et d’autres produits agricole majeurs devront être mieux garanties, » expose Li Keqiang.
Surtout, à en croire le discours des autorités chinoises, l’ensemble des modifications territoriales planifiées intégreront une dimension environnementale. « A l’issue des cinq années à venir, nous devrons nous assurer que la consommation d’eau, d’énergie, et que les émissions de dioxyde de carbone par unité de PIB seront respectivement réduites de 23 %, 15 % et de 18 %, tandis que la couverture forestière atteindra 23,04 %, » s’engage ainsi le Premier ministre.
Objectifs de 2016, neuf cibles
• Une croissance du PIB comprise entre 6,5 % et 7 %
• Un indice des prix à la consommation (CPI) autour de 3 %
• Création d’au moins 10 millions d’emplois en zone urbaine
• Maintenir un taux de chômage autour de 4,5 % en zone urbaine
• Augmenter de façon constante les volumes d’importations et d’exportations
• Une balance des paiements internationaux équilibrée
• Accroître les revenus des ménages au même rythme que la croissance économique
• Réduire la consommation énergétique par unité de PIB d’au moins 3,4 %
• Poursuivre la sortie des polluants majeurs
Source : Rapport du Premier ministre chinois, Li Keqiang sur le travail du gouvernement, publié le 5 mars 2016
Budget projeté pour 2016
Accroissement prévu de 7 % des dépenses du gouvernement central par rapport à 2015
Secteurs concernés par la hausse des dépenses du gouvernement central :
• Sciences et technologies : + 9,1 %
• Affaires étrangères : + 8,6 %
• Défense nationale : + 7, 6 %
• Sécurité publique : + 5,3 %
• Services publiques généraux : +13,7 %
• Paiements des intérêts de la dette : + 15,1 %
• Paiements de transferts généraux aux gouvernements locaux : + 12,2 %
• Paiements de transferts spéciaux aux gouvernements locaux : + 3,2 %
Source : Rapport budgétaire du ministre des Finances chinois, Lou Jiwei, publié le 5 mars 2016