Christophe Bonno, sommelier créatif amoureux de Hong Kong
« Je suis né dans un bar. Enfant, j’y faisais mes devoirs… » Christophe Bonno, aujourd’hui aux manettes de la cave du groupe Pastis, représente « la sixième génération de restaurateurs ». Sommelier passionné par son métier, il est aussi l’ambassadeur de l’absinthe à Hong Kong, qu’il a d’ailleurs introduite sur l’île en 1999, cinq ans après son ancrage définitif au « port au parfum ».
Plusieurs casquettes
Rarement sans casquette, le Breton est également le fondateur du Bonno Wine Club, (BonnoWineClub.com) société de conseil en vins, qui sait approvisionner les restaurants en vins rares, former, expliquer. « Je publie des articles pédagogiques, que j’appelle Dr Wine, sur la page « facebook » du Bonno Wine Club. Je réponds à des questions que les amateurs n’osent parfois pas poser aux sommeliers des restaurants, » indique Christophe Bonno, qui aime partager son expérience.
« Je suis toujours disponible pour aider les nouveaux entrepreneurs qui viennent d’arriver. C’est un juste retour : Lorsque je suis arrivé à Hong Kong, il y a 20 ans, j’ai eu la chance d’être entouré d’amis connaisseurs de la ville qui m’ont évité de faire des faux pas. Et nous sommes devenus une famille. » Les conseils avertis de ce connaisseur expérimenté de la vie de Hong Kong sont précieux. Force est de constater que le nom des enseignes de Christophe Bonno fait briller d’un bonheur nostalgique les yeux de ceux qui les ont côtoyées.
De l’absinthe au théâtre
D’abord, il y a eu Gecko, se souvient-t-il. Ce bar, conçu comme un salon (« lounge ») où l’on pouvait déguster de l’absinthe confortablement, décoré avec des objets venant de toute l’Asie, était réputé pour ses nuits spectaculaires de jazz les mardis et mercredis. « Comme il n’y avait pas assez de place pour recevoir tout ceux qui souhaitaient regarder les spectacles, j’ai monté Le Rideau, ouvert en décembre 2006. Ce café théâtre pouvait accueillir près de 130 personnes, » raconte Christophe Bonno, aficionado fervent de théâtre. Plusieurs stars sont montées sur ses planches, tel Paul Provenza. Jamie Kilstein y a même fait ses débuts. Céline Beeckmans et Djaka Souaré y ont joué la comédie « De quoi parlent les filles ». Sans compter l’actrice Émilie Guillot, qui a ensuite lancé sa troupe, et dirige aujourd’hui la HK Theatre Association (HKTA). Les « Sœurs Cruelles », en l’occurrence Isabelle Tanakil et Marie Lenoir, quant à elles, ont créé et interprété pour le Rideau la pièce « Bonsoir Raymond», découverte plus tard au festival d’Avignon.
Bannir l’arrogance, apprendre en entreprenant
« A Hong Kong, un pays magique, il est possible de réaliser des choses extraordinaires, » commente Christophe Bonno. A certaines conditions : « Il ne faut pas s’arrêter devant les obstacles, il faut savoir les contourner avec bon sens. A Hong Kong, on apprend tout en créant. On avance en apprenant. Il faut faire ses preuves en travaillant car les Hongkongais ne nous attendent pas, » insiste le sommelier qui a fait ses débuts de carrière à Paris chez Ledoyen et chez Laurent, sans pour autant s’en vanter.
Il avertit : « Les arrogants sont voués à l’échec. Il faut également se souvenir que nous sommes des invités de Hong Kong. Nous ne sommes pas des colonisateurs ! Nous devons respecter les habitants de la région. »
Autre commentaire qui donnera du baume au cœur aux entrepreneurs nés, ou, à ceux qui rêvent d’entreprendre, « il ne faut pas craindre d’être indépendant. Ni d’exercer plusieurs activités en se dotant de plusieurs cartes de visites différentes. Au contraire, c’est en nouant le plus de liens constructifs possibles, de connexions, que la réussite se concrétise. »
(Repris par www.lepetitjournal.com/hong-kong ; Le Petit Journal de Hong Kong )