En décalage
Le capital investissement en plein boom. La diversification des canaux de financement de l’économie chinoise est en marche. Ce n’est pas le fruit du hasard. Elle est voulue par les autorités de l’Empire du Milieu, soucieuses de voir émerger un système financier plus sain, plus équilibré, capable d’épauler la transformation du pays en faveur du développement de la consommation et des services. A l’heure actuelle, le canal de financement des entreprises qui sort gagnant de l’évolution voulue semble être celui du private equity (capital investissement) et du venture capital (capital risque). Les chiffres reportés sont spectaculaires. D’après des calculs de PwC, en 2016, les acteurs du capital investissement et du capital risque auraient levé en Chine un montant évalué à 72,51 milliards de dollars, un bond de 49 % par rapport à 2015. Le deuxième facteur marquant est la participation croissante des fonds de private equity et de venture capital libellés en renminbi, prenant le dessus sur les fonds en dollars. La part des sommes levées en renminbi se serait établie à 54,89 milliards de dollars (plus de 75 % des fonds totaux levés par le secteur), une envolée de 40 % comparé à 2015.
Il y a de fortes chances que cette tendance se renforce en 2017 car les investisseurs, qui ciblent des entreprises domestiques, envisagent une sortie essentiellement en passant par les Bourses chinoises continentales. En 2016, les opérations de sorties par le biais des fusions et acquisitions sont tombées à leur plus bas niveau depuis 4 ans, tandis que celles effectuées via une introduction en Bourse ont atteint le record de 165 (hausse de 38,7 % par rapport à 2015), dont 142 à Shanghai et Shenzhen et 17 à Hong Kong. Le groupe de services financiers Zero2IPO ajoute que 66 % des transactions de sorties ont été réalisées via une introduction au China’s New Third Board (Chinese National Equities Exchange and Quotations, NEEQ), où les échanges s’effectuent de gré à gré (« over the counter »). Cependant, relève-t-il, la liquidité de cette Bourse taillée pour les petites entreprises demeure ténue. Par conséquent, il n’est pas certain que les investisseurs puissent récupérer leur capital aussi facilement qu’espéré. Renforcer les échanges sur le China’s New Third Board fait sans aucun doute partie des défis à relever dans les prochaines années.
Le placement privé dans le collimateur
Laisser certains canaux de financement des entreprises s’épanouir n’interdit pas de vouloir normaliser ceux qui souffrent d’excès. Poursuivant leur objectif d’assainir le système financier, les autorités réglementaires chinoises, craignant une redite du krach boursier de 2015, resserrent leur surveillance des Bourses d’actions continentales. A ce titre, la China Securities Regulatory Commission (CSRC) vient d’épingler la pratique très répandue du placement privé (ventes d’actions sur le marché secondaire réservée à un petit nombre d’investisseurs). Elle estime qu’une grande partie des fonds levés de la sorte sont placés dans des produits d’épargne (éventuellement douteux), au lieu d’être investis dans des actifs utiles au développement des entreprises. C’est ainsi que les nouvelles règles d’encadrement (introduites le 17 février) limitent les montants des offres privées, leur fréquence et les remises proposées aux acheteurs sollicités. En 2016, 1 700 milliards de renminbi (247 milliards de dollars) auraient été levés en placement privé, à comparer à 150 milliards de renminbi grâce aux introductions en bourse. Un rééquilibrage entre ces deux ordres de grandeur pourrait éventuellement s’opérer en 2017. En tous les cas, les autorités chinoises veulent garder la main sur l’économie du pays comme sur ses marchés financiers.
Données au long cours
A Hong Kong, la pierre est précieuse
Les prix des résidences continuent de s’apprécier, malgré de multiples mesures prises par le gouvernement destinées à modérer la cherté du mètre carré.
Les prix de immobilier flambent toujours
Source : CLSA
Les Chinois du continent continuent d’acheter
Source : CLSA
Des volumes de transactions modérés
Source : CLSA
Retour aux sources
Hong Kong / Gouvernement de Hong Kong
Budget pour 2017-2018
http://www.budget.gov.hk/2017/eng/index.html
Hong Kong / SFC (Securities and Futures Commission)
Rapport de marché trimestriel
www.sfc.hk
China / National Bureau of Statistics of China
Prix des produits manufacturiers
http://www.stats.gov.cn
Japon / Bank of Japan
Évolution de l’import-export
https://www.boj.or.jp/en/research/
Invitation au voyage
Vue d’Ocean Park sur l’île de Lamma (île de Hong Kong)
Changer d’horizon
Au sud des nuages, le Yunnan (云南) (reportage de Lazuli International)
A l’époque de la dynastie Tang (618-907), un prince de l’une des principautés de l’ancien royaume de Dian entreprit un long voyage jusqu’à Chang’an (Xi’an) pour rendre visite à l’empereur. Lorsque celui-ci lui demanda d’où il venait, le prince lui répondit qu’il était originaire d’une lointaine contrée méridionale, au delà des nuages et des pluies du Sichuan. Le souverain décida alors de nommer cette région Yunnan, littéralement « Au sud des nuages » (云南).