Emmanuel Vivant insuffle un nouvel élan aux tramways de Hong Kong

« Diriger l’exploitation de l’emblématique Tramway de Hong Kong est une mission très gratifiante. Les décisions que nous prenons ont des implications immédiates, concrètes sur le quotidien de nos plus de 200 000 voyageurs (par jour). Nous faisons partie de leur vie quotidienne, ils nous font part instantanément de leurs appréciations, de leurs besoins. La relation des hongkongais avec le tramway est émotionnelle, le capital sympathie est considérable, » témoigne Emmanuel Vivant, aux manettes de l’icône de l’île de Hong Kong.

Esprit entrepreneurial et sens de l’écoute
Fort de huit ans de vie en Asie, entre Pékin, Séoul et Hong Kong, sans compter une première expérience professionnelle en Inde, le profil cosmopolite du jeune polytechnicien (promotion 2000) est sans conteste un atout dans l’exercice de sa fonction de directeur général du Tramway de Hong Kong depuis 2012. Sa passion pour l’urbanisme, son dynamisme entrepreneurial allié à une discrétion mise au service du sens de l’écoute, ont sans aucun doute joué aussi dans sa promotion au poste de président de la coentreprise RATP Dev Transdev Asia en avril 2015.

Entrée en service en 1904 à la suite de la fondation (en 1902) de la Hong Kong Tramway Electric Company, la ligne de tramway de Hong Kong est exploitée par RATP Dev Transdev Asia depuis 2009. Elle dessert aujourd’hui 120 arrêts sur 16 km de voie double. Le gouvernement de Hong Kong peut en principe mettre fin au bail tous les cinq ans en rachetant l’entreprise, « mais la question ne se pose pas. Tant que les autorités estiment que nous menons à bien notre mission, le contrat perdure, » précise Emmanuel Vivant.

Des collaborateurs ingénieux
« Grâce à 650 collaborateurs à Hong Kong, dont 330 conducteurs, nous sommes autonomes, » indique Emmanuel Vivant. Tous les tramways (163 rames) sont fabriqués « maison », dans l’entrepôt de Whitty Street. Les 15 nouveaux, qui sont construits chaque année, ressemblent comme deux gouttes d’eau aux anciens. Or, en réalité, « ils sont totalement différents. Nous y intégrons sans cesse des transformations opérationnelles et techniques, destinées à améliorer le service client, la fréquence, le confort, la sécurité, ou à diminuer les dépenses d’énergie, » énumère le président de RATP Dev Transdev Asia. Séduit par l’ingéniosité des ingénieurs hongkongais, il remarque que ceux-ci « proposent toujours de nouvelles améliorations et les mettent en œuvre sur le champ. Les bonnes idées sont mises en musique rapidement. Les collaborateurs hongkongais ne tergiversent pas avant de mettre en place un projet, ne se laissent jamais abattre par l’adversité. Au contraire. Ils travaillent avec pragmatisme, imaginent des solutions concrètes puis, à la fin, cela fonctionne toujours ! »

La tarification la plus compétitive sans subvention publique
Autre caractéristique de la ligne de tramway la plus fréquentée du monde, son exploitation est conduite sans subvention publique. « Seuls ceux qui prennent le tramway participent à son financement. Qui plus est, la tarification unique de 2,30 dollars hongkongais est la moins onéreuse de tous les transports en commun de l’île, » rappelle Emmanuel Vivant. Comme seul le chef de l’exécutif de Hong Kong peut statuer sur sa modification, cette dernière n’évolue pas fréquemment.

Dès lors, quelle est la recette du fonctionnement de l’emblème de Hong Kong ? « Les revenus du voyage représentent plus de la moitié de notre chiffre d’affaires (30 millions d’euros environ réalisés à Hong Kong par RATP Dev Transdev Asia). Les autres recettes proviennent d’abord de la publicité sur les rames et sur les abris. Une source supplémentaire de revenus est l’activité « Tram party » (privatisation de tramways pour l’organisation de soirées ou de fêtes), il y a également le merchandising, tandis que nous nous préparons à lancer une offre de tours touristiques à bord d’un tramway historique, » dévoile le directeur général de l’exploitation. Cette initiative a toutes les chances de réussir. Le tramway de Hong Kong vient notamment de recevoir pour la deuxième année consécutive le certificat d’excellence de TripAdvisor.

Fluidifier la circulation routière
Malgré ces succès, conscient de la compétition rude du métro en déploiement constant, Emmanuel Vivant défend très activement les intérêts de son entreprise. « Nous avons remis des propositions au gouvernement afin de réduire la congestion routière le long des grands axes côtiers. Ce phénomène ralentit de facto la vitesse de nos tramways, qui peuvent techniquement rouler jusqu’à 50 km/h. A l’heure actuelle, leur vitesse moyenne est trop faible. Si les mesures proposées étaient prises en compte, nous pourrions augmenter notre fréquence de circulation (200 000 trajets par jour à l’heure actuelle) et accroître mécaniquement le nombre de passagers transportés, » expose Emmanuel Vivant.

Un autre projet est de construire d’autres lignes de tramway, modernes cette fois, sur Kowloon ou dans les Nouveaux Territoire, où, à l’inverse de l’île de Hong Kong, la population croît. « Nous avons remis notre proposition d’installation à Kai Tak, et pensons que le tram moderne pourrait aussi profiter aux villes nouvelles comme Hung Shui Kiu, » précise le directeur général, espérant que sa solution, « la moins consommatrice d’énergie », sera retenue.
« Notre discours est audible. Hong Kong est à la fois une ville monde et un village, où l’on connaît rapidement les institutions qui comptent, » conclut-il, confiant.

(Repris par www.lepetitjournal.com/hong-kong ; Le Petit Journal de Hong Kong )

Un parcours emblématique :