Fiscalité ou conquête de marchés, Bruno Marengo guide les entrepreneurs avec pragmatisme

C’est tout à la fois avec enthousiasme et perspicacité que Bruno Marengo parle de son expérience de la vie des affaires en Chine continentale et à Hong Kong, où il s’est définitivement installé il y a trois ans. Après avoir suivi le master « systèmes économiques et politiques asiatiques » de la prestigieuse Université de Hong Kong (HKU), il a rejoint Harris Corporate Solutions Limited en qualité d’associate et responsable du bureau Europe, basé à Hong Kong.
Fondée en 1972, la compagnie aide ses clients à se développer sur le marché chinois, en « toute tranquillité d’esprit » en les éclairant sur la conjoncture économique, mais aussi sur les procédures légales juridiques et fiscales. « L’une de nos missions est de fluidifier les flux d’argents entre la Chine et l’Europe » précise Bruno Marengo. Dans cette optique, « nous proposons des solutions sur mesure permettant aux entreprises réalisant des bénéfices en France à les investir en Chine, et, vice et versa. »

Normalisation fiscale
A l’heure actuelle, « nous aidons un bon nombre de nos clients français à revoir leur structure fiscale, à la normaliser, » indique Bruno Marengo. Au démarrage de leurs activités opérationnelles en Chine continentale et à Hong Kong, beaucoup d’entre eux ont opté pour l’ouverture de sociétés dans des paradis fiscaux (comme les Seychelles, les îles Caïmans, etc.) servant de réceptacles à leurs revenus. Mal conseillés lors de leur première découverte des routes chinoises, ces clients de bonne foi, se retrouvent aujourd’hui dans l’illégalité.

Depuis que la France et Hong Kong ont signé (en 2010) la convention fiscale internationale (CFI) mettant fin à l’ancien système de double imposition, les revenus provenant d’activités réalisées en France doivent être déclarés en France tandis que les revenus provenant d’activités réalisées à Hong Kong doivent être déclarés à Hong Kong. Un accord similaire a été signé avec la Chine en novembre 2013. Surtout, la France a signé en octobre 2014 l’accord multilatéral relatif à l’échange automatique bancaire de renseignements fiscaux, et, devrait être imitée par Hong Kong d’ici 2018.

Autant dire que les entreprises qui ne jouent pas le jeu fiscal défini dans la convention de 2010, seront vite repérées. La facture du redressement qui risque d’en découler a toutes les chances d’être onéreuse. Bien sûr, les premiers à être démasqués « ne seront pas les grandes compagnies dotées d’importants services juridiques. Les plus pénalisées seront d’abord les petites et moyennes entreprises, allouant l’essentiel de leurs ressources au déploiement de leurs activités, » prédit Bruno Marengo.

Prendre le temps d’établir des relations de confiance
Le travail d’assistance de l’associate de Harris Corporate Solutions Limited ne se borne pas à promouvoir la sagesse en matière fiscale. Habitué à épauler des entrepreneurs européens dans toute la Chine continentale et à Hong Kong, en les présentant également à des partenaires asiatiques, le conseiller sait prodiguer des conseils avisés en matière de stratégie de conquête de marchés.
Pour opérer en Chine continentale, « il faut toujours savoir établir des relations de confiance. Cela peut prendre des mois. Il faut se montrer patient et avoir les reins solides. Par exemple, avant d’envisager une percée dans le secteur de la distribution, où la compétition est rude, il faut être capable d’attendre trois ou quatre ans, en injectant au moins 30 000 euros en capital local, » expose Bruno Marengo.

L’ouverture d’une « start up » est bien plus simple à Hong Kong (où il est possible d’être opérationnel en moins d’une semaine), dont l’ambition est de devenir la « nouvelle Silicon Valley ». « L’initiative de Invest Hong Kong (organisme en charge du soutien aux investissements étrangers dans le « port au parfum »), «StartmeupHK », va dans ce sens. Cette plate forme d’événements liés à l’entrepreneuriat, de facilités d’incubation, de « business angels », destinée à accélérer la création d’entreprises est réellement incitatrice. Le seul frein à l’accélération des naissances de nouvelles entreprises dans la région de Hong Kong est la distribution de visas aux entrepreneurs étrangers. Elle est encore largement en deçà de la demande, » commente Bruno Marengo.

Ne pas se tromper de « Silicon Valley »
Pour y réussir, quelques erreurs rédhibitoires doivent être évitées. Elles « s’observent en particulier chez les Français qui vivent entre expatriés, persuadés que les besoins des Hongkongais sont similaires aux leurs, » relève le responsable du bureau Europe d’Harris Corporate Solutions Limited. Ce défaut d’ouverture conduit à l’élaboration de stratégies de marketing « mal orientées, d’offres inadaptées, en manque de sophistication, oublieuses de la culture de la clientèle. » Autre conseil judicieux, « ne jamais se fier aux apparences. En Chine, les décideurs ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Un interlocuteur à l’allure décontractée peut s’avérer être la personnalité clé du dossier traité. »

Tant à Hong Kong qu’en Chine continentale, « les personnes qui réussissent ne sont pas celles qui disposent des diplômes les plus reconnus, mais celles qui sont les meilleures dans leur domaine de prédilection » remarque en outre Bruno Marengo. Dans ces deux mondes compétitifs chacun à leur manière, la condition de la réussite est la différenciation, la façon de faire apprécier sa touche personnelle de telle sorte qu’aucun autre ne pourra la détrôner.

(Repris par www.lepetitjournal.com/hong-kong ; Le Petit Journal de Hong Kong )