Qu’attendre du National People’s Congress de mars: L’avis de Aidan Yao, économiste senior Asie émergente chez Axa IM

(Available in English) Rendez-vous cruciaux de la vie politique et économique chinoise, les « deux conférences annuelles » se tiendront, comme d’habitude, début mars. La première session annuelle du 13ième National People’s Congress (NPC, Assemblée nationale populaire) démarrera à Pékin le 5 mars, tandis que la première session du 13ième Chinese People’s Political Consultative Conference (CPPCC, Conférence consultative politique du peuple chinois) commencera le 3 mars. Il sera d’autant plus intéressant de les suivre qu’elles traduiront au sein du gouvernement chinois les changements effectués au parti communiste chinois lors du 19ième Congrès national du Parti communiste chinois (du 18 au 24 octobre 2017). Le programme des « deux conférences annuelles » est très riche en cette année lunaire du chien de terre, comprenant, notamment, une délibération sur une proposition de révision constitutionnelle. La première session du 13ième NPC prévoit par ailleurs une revue de travail du gouvernement, de l’exécution du plan annuel 2017 de développement économique et social du pays et la présentation de la première mouture de son « jumeau » pour 2018. Les mises en œuvre des budgets centraux et locaux au cours de 2017 seront également scrutés, ainsi que les objectifs budgétaires pour 2018.


(Available in English) Aidan Yao, économiste senior Asie émergente chez Axa IM, basé à Hong Kong, analyse le contexte dans lequel les « deux conférences annuelles » de Pékin se tiennent et en dévoile les implications.

« La continuation des réformes de libéralisation concernant les marchés de capitaux chinois devrait être à l’ordre du jour »


Quelles informations les investisseurs attendent-ils de cette première session du 13ième NPC ?

Ils vont bien sûr guetter la cible de croissance du PIB pour 2018 qui devrait être dévoilée par le gouvernement. Pour ma part, je table sur une progression de 6,5 %, à comparer à 6,9 % en 2017. Les investisseurs vont surveiller également le renouvellement du gouvernement (Conseil d’État, « State Council ») à l’ordre du jour, en concordance avec les orientations prises lors du 19ième Congrès national du Parti d’octobre dernier, au cours duquel l’autorité du président Xi Jinping a été renforcée. Pour l’instant, le Premier ministre, Li Keqiang est assisté de quatre « vice-premiers », chargés de superviser différentes industries, de cinq conseillers d’État (« state councillors ») et d’un secrétaire général. Un poste, qui retiendra l’attention sera celui du vice-premier en charge des affaires financières, actuellement occupé par Ma Kai (atteint par la limite d’âge). Son remplaçant prendra en outre les commandes du nouvel organisme centralisé chargé de la réglementation financière du pays, le Comité pour le développement et la stabilité financière (« Financial Stability and Development Committee »).

Avec la mise en place du nouveau régulateur financier, le rôle de la PboC va-t-il évoluer ?

Le Comité pour le développement et la stabilité financière (« Financial Stability and Development Committee ») aura la main sur toute la régulation financière du pays (China Insurance Regulatory Commission, China Securities Regulatory Commission, China Banking Regulatory Commission) afin d’en optimiser l’exécution et la coordination. La nouvelle agence instaurée au sein du Conseil d’État supervisera aussi la politique monétaire. En quelque sorte, la participation du gouvernement aux prises de décisions de la People’s Bank of China (PboC) s’en trouve officialisée. Dans la pratique, cela ne change pas vraiment la gouvernance de la politique monétaire chinoise car la PboC a toujours rendu compte de ses décisions au Conseil d’État.

Quelles seront les priorités de développement de la Chine en 2018 ?

Le plan annuel 2018 de développement économique et social (présenté lors de la première session du 13ième NPC) pourrait décrire de nouvelles initiatives destinées à approfondir la restructuration des entreprises d’État (SOE) et à éliminer la « mauvaise » dette. La poursuite de la modernisation de la Chine, symbolisée par l’émergence d’une « nouvelle économie », devrait se retrouver également au cœur des discussions. L’approfondissement des réformes fiscales pourrait aussi être à l’ordre du jour, afin de promouvoir l’innovation technologique ou l’investissement privé. La continuation des réformes de libéralisation concernant les marchés de capitaux chinois sera sans doute aussi débattue.