Alerte : Le Renminbi dévalué et remodelé
Surprise. Les autorités chinoises ont modifié la méthode de fixation des cours du Renminbi. Qui plus est, ce faisant, elles l’ont laissé se déprécier. La PBoC (Banque populaire de Chine) a augmenté le taux de référence du Renminbi (CNY, Renminbi onshore) contre dollar de 1,9 % (de presque 2 % !) en une seule journée. Le taux est ainsi passé de 6,1162 yuans pour un dollar à 6,2298 yuans pour un dollar (mardi 11 août).
Simultanément, la banque centrale a modifié le mécanisme de fixation du taux pivot quotidien. Dorénavant, celui-ci prendra en compte « les vues du marché ». Les teneurs de marchés devront soumettre leurs cotations de fixing à la PBoC en incluant la référence du prix spot de clôture du jour précédent, en accord avec l’offre et la demande de devises chinoises, mais aussi avec les tendances majeures des marchés des changes étrangers.
Une date qui en dit long
Le choix de la date de cette annonce interpelle. Non, parce que les fondamentaux actuels de l’économie chinoise ne la justifient pas. Cette intervention suscite quelques interrogations car elle intervient à l’heure où l’examen (le 4 août 2015) par le FMI d’une éventuelle inclusion du Renminbi dans le panier constitutif des droits de tirages spéciaux (DTS / « Special Drawing Rights » : SDR) relance le débat du rythme de l’internationalisation du Renminbi et de sa convertibilité.
Or, ces défis ne peuvent être relevés qu’en disposant d’une devise forte et stable. Qui sait, ce mouvement de dépréciation est-il provoqué dès maintenant, afin d’éviter d’observer, un peu plus tard, un important mouvement, incontrôlable, nourri d’anticipations à la baisse de la valeur du Renminbi. La PBoC a d’ailleurs précisé que son action du 11 août était « un ajustement d’une fois ».
Bien sûr, cette intervention inattendue des autorités chinoises a immédiatement provoqué beaucoup de remous et de volatilité sur les divers marchés, tant de devises, d’actions que d’obligations. 5 816 contrats futures sur Renminibi ont ainsi été échangés à Hong Kong dans la seule journée du mardi 11 août, un record.
Contraints de revoir entièrement leur stratégie d’investissements, certains gérants n’ont pas manqué d’évoquer le déclenchement d’une nouvelle « guerre des devises ». Force est de constater que plusieurs autres banques centrales de la région (Indonésie, Malaisie, etc.) ont également pris des mesures destinées à provoquer la dépréciation de la devise de leurs pays, afin d’accroître leur compétitivité.