Donald Trump et la Chine, une nouvelle donne des échanges commerciaux se profile
Quelles sont les conséquences pour la Chine de l’élection de Donald Trump à la présidence de la République des États-Unis ? Les relations entre ces deux grandes puissances mondiales vont-elles être radicalement transformées ? A l’heure où le décompte final du nombre des électeurs américains en faveur du camp Républicain s’achève, il est un peu prématuré de répondre à cette question de manière tranchée. Une chose est certaine, les autorités chinoises découvriront bientôt une équipe gouvernementale américaine totalement renouvelée, d’un tout autre style, avec laquelle il faudra s’habituer à discuter. Pour l’instant, le ton adopté du côté de l’Empire du Milieu demeure prudent. L’on peut ainsi lire sur le China Daily – la voix du parti communiste de Chine – que le pays « s’apprête à réaliser des efforts communs avec le nouveau gouvernement américain afin d’entretenir une croissance durable, saine et stable, qui profitera aux peuples des deux pays. » Sur la version internet de l’agence Xinhua, l’organe de presse officiel de la République Populaire de Chine (en l’occurrence la voix du gouvernement), la victoire de Donald Trump n’est pas le titre qui est placé le plus en vue. L’information qui est la plus mise en valeur est celle de la visite du Premier ministre chinois, Li Keqiang, à Moscou. Plusieurs articles détaillent les projets de renforcement de coopérations avec la Russie, en particulier concernant l’innovation et les petites entreprises.
Une place à prendre
Ce qui ressort surtout à la lecture des divers commentateurs chinois dans la presse ou sur les réseaux sociaux, c’est la crainte de l’exacerbation du protectionnisme américain. Elle pourrait se traduire par une forte augmentation des taxes aux importations chinoises (à destination des États-Unis), qui ne manquerait pas de peser sur les revenus commerciaux de l’Empire du Milieu. En revanche, l’abandon définitif du Trans-Pacific Partnership (TPP) par les États-Unis pourrait constituer une aubaine pour la Chine. Ce retrait lui laisserait plus d’espaces pour proposer et concrétiser des accords bilatéraux supplémentaires avec les économies d’Asie délaissées. Cette présence commerciale américaine moins marquée pourrait, dans une certaine mesure, permettre à la Chine d’accélérer la mise en musique de l’initiative OBOR (« One Belt, One Road » / « Une Ceinture, Une Route »). Poussant ce scénario fiction à l’extrême, certains experts estiment que l’augmentation des parts de marchés de la Chine à l’export, à destination des marchés émergents, pourrait totalement combler son manque à gagner commercial avec la première puissance mondiale. La moindre dépendance de la Chine vis à vis de l’appétit commercial américain n’est pas une nouveauté. Cela fait quelques années déjà que les marchés en billet vert ne figurent plus parmi ses plus importants débouchés à l’exportation. C’est pourquoi la People’s Bank of China (PBOC) a modifié sa cible de taux de change dès août 2015. Depuis, elle se réfère à un panier de 13 devises (le CFETs RMB index basket), composé de dollar, d’euro, de yen mais aussi d’autres devises asiatiques.
Dollar contre Renminbi, l’inconnue
Un deuxième phénomène susceptible de bousculer l’assise commerciale chinoise pourrait être une chute continue du dollar (bousculant sa quête de compétitivité du Renminbi), entraînée par la perte de confiance des investisseurs vis à vis de la nouvelle politique économique américaine. Ce scenario n’est pas exclu à court terme. A contrario, il semblerait que Donald Trump soit en faveur d’une accélération de la fin de l’assouplissement monétaire mené par la Réserve Fédérale, un mouvement plutôt favorable à un affermissement du billet vert. Certains spécialistes de marchés parient donc sur une remontée des taux américains plus rapide que prévu. Cette hypothèse paraît toutefois peu plausible à l’heure actuelle, car le mandat de Janet Yellen, présidente de la Fed opposée à la vision du futur président de la République, court jusqu’en 2018.
Enfin, d’autres observateurs estiment que l’incertitude qui pèse désormais sur l’avenir de la conduite monétaire, financière et économique des États-Unis pourrait pousser les investisseurs à revoir leurs définitions des valeurs refuges. Les intervenants financiers pourraient arbitrer différemment entre les multiples devises, et, qui sait, se montrer moins frileux vis à vis du Renminbi. Mais, tout ceci n’est que fiction. En attendant d’en savoir plus sur la mise en œuvre du prochain programme républicain, il faudra vivre à nouveau avec la volatilité des bourses mondiales. Jusqu’à présent, l’année du Singe de feu tient ses promesses, continuellement animée de hauts et de bas sur les marchés.