En direct de l’ALMC à Hong Kong : La Route de la soie chamboule la filière logistique
L’initiative OBOR (« One Belt, One Road » / « Une Ceinture, Une Route »), promue par la Chine depuis 2013, peut s’analyser sous plusieurs angles. Elle est le plus souvent regardée comme un projet de l’Empire du Milieu destiné à servir ses propres intérêts (extension de sa zone d’influence, indépendance énergétique, exportations de sur-capacités, internationalisation du Renminbi, etc. http://www.lazuli-international.com/la-route-de-la-soie-du-21ieme-siecle-sur-les-rails/). Il apparaît aujourd’hui que la progression de la Route de la soie du 21ième siècle, au départ regardée par l’Occident avec suspicion, suscite désormais beaucoup d’espoirs. Il est courant de rencontrer des acteurs désireux de la voir avancer plus rapidement, en particulier en ce qui concerne la construction des infrastructures identifiées indispensables à son assise. Celles-ci sont considérées comme un facteur de soutien non négligeable à la croissance mondiale actuellement en manque de souffle.
De plus, l’essor de « l’e-commerce » (commerce électronique) dans le monde entier, caractérisé par une montée en puissance des échanges électroniques transfrontaliers, ne pourra être porté à maturité sans s’appuyer sur une base logistique solide, sur des réseaux d’infrastructures suffisamment dimensionnés et fiables. « Il faudrait une amélioration notable de nos infrastructures, afin que nos clients puissent être servis de manière plus prévisible ! » s’est par exemple exclamé Andrey Zatsepin (Photo ci-jointe), responsable de la logistique internationale d’Ozon.ru (groupe de commerce électronique russe), lors de « l’Asian Logistics and Maritime Conference » (ALMC) à Hong Kong, qui s’est tenue les 22 et 23 novembre. L’expert relève, qu’en Russie, le coût de livraison correspond à 10 % du produit commandé à distance, à comparer à 4 % en Europe. En attendant un meilleur maillage du territoire, la seule solution qui s’offre à Andrey Zatsepin est de multiplier les centres d’exécution. « Une organisation logistique bien pensée, qui s’appuie sur une infrastructure à la hauteur, est fondamentale, surtout avec l’augmentation des volumes de ventes, » acquiesce Zheng Changqing, senior directeur de eBay Inc.
« Nous estimons que le temps de livraison de nos produits commandés en ligne est trop long, dès lors qu’il s’agit de gérer une transaction transfrontalière. C’est pourquoi nous venons à l’ALMC. Nous cherchons des solutions. Nous devons être capables de nous déployer mais aussi de contrôler les coûts, » reconnaît Dr Guo Dongbai, chief technology officer d’AliExpress. Ce site du groupe Alibaba, spécialisé dans la vente en gros et au détail auprès des particuliers et des entreprises à l’international, explique que « le processus de livraison, tout comme la vente, est essentiel. Nous devons délivrer le plus de données possibles à ce sujet à nos clients, qui attachent une grande importance au suivi de leurs paquets. Pour ce faire, nous devons utiliser toutes les interconnexions possibles entre tous les partenaires et les divers pays dans lesquels nous opérons. Or, c’est parfois complexe, » explique Dr Guo Dongbai. Les qualité inégales de réseaux internet, de débits, les différences de normes entre pays peuvent poser un véritable casse-tête aux grands acteurs du commerce électronique.
Zhao Huxiang, vice-président de China Merchants Group (conglomérat chinois), résume la donne de la sorte : “La connectivité (“connectivity”) à l’œuvre va pousser la demande en logistique, qui est justement l’un des piliers de l’OBOR. Pour en revenir à la Chine, cette connectivité combinée aux futurs réseaux logistiques, va aider les entreprises chinoises à vendre leurs produits et services à l’extérieur.” La future Route de la soie digitale (“Digital Silk Road”) va provoquer l’émergence “d’un autre type de logistique, adapté à la forme des ventes en ligne, intégrant diverses technologies liées à l’analyse et à l’utilisation des données,” prévoit Joseph Phi, président de LF Logistics. Si la filière de la logistique souhaite profiter du regain d’activité venant de l’OBOR, elle doit donc se transformer également, sans faire l’économie des investissements technologiques appropriés.