Laurent Mesnier donne de l’étoffe au métier de banquier privé
– Laurent Mesnier rend ses lettres de noblesse à la gestion privée tout en l’invitant à faire peau neuve. « Les nouveaux clients des banques privées sont tous des chefs d’entreprises. C’est pourquoi, notre mission est de s’adapter à leurs besoins, dictés par leur passions, l’épanouissement de leurs projets d’affaires, leur soif d’entreprendre. Nous devons les épauler dans ces aventures et les risques qui en découlent, » expose le directeur exécutif d’ABN AMRO Bank NV qui s’est définitivement installé à Hong Kong en février 2015. Les personnalité entreprenantes attendent plus qu’une gestion passive de leur fortune, espèrent mieux qu’un placement standardisé de leurs actifs. Le banquier privé moderne doit y ajouter une autre dimension, entièrement personnalisée.
Agitateur d’idées
Relever ce défi est justement ce qui plaît à Laurent Mesnier, testant et appliquant depuis quelques années déjà un modèle de banquier sur mesure, forgé à partir des demandes de ses clients. « Comme dans mes anciennes fonctions chez Neuflize OBC à Paris (membre du groupe ABN AMRO), je continue de faire fructifier mon portefeuille de clients. Ce qui change est l’exploitation approfondie de ce réseau – qui s’en trouve sans cesse enrichi – consolidé par de véritables liens de confiance. Fort de cet appui, j’aiguille les entrepreneurs asiatiques souhaitant investir ou développer leurs activités en Europe, et inversement, j’oriente les européens en quête d’expansion en Asie Pacifique, » explique-t-il.
Concrètement, lorsqu’un entrepreneur client d’ABN Amro cherche une occasion de développement, Laurent Mesnier, joue le rôle « d’agitateur d’idées. Je lui propose de rencontrer d’autres clients et contacts. Il peut s’agir par exemple d’un industriel complémentaire opérant dans d’autres pays, afin d’envisager des synergies, des acquisitions ou des investissements en commun. »
Trait d’union
Savoir faire le trait d’union entre divers mondes n’est pas donné à tous. Cette aptitude ne provient pas seulement d’une capacité d’écoute constructive, combinée à une habilité à révéler les synergies entre diverses relations. Elle vient aussi d’un passé d’avocat d’affaires, pendant six ans en début de carrière. Cette expérience constitue aujourd’hui « une aide indéniable au décodage de la réglementation des affaires et de la fiscalité internationales, à la compréhension des opérations de fusions et acquisitions transfrontalières, » commente le docteur en droit.
Cette reconversion s’est avérée fructueuse. Après avoir obtenu le master de gestion de fortune de l’ESCP Europe, suivi le programme de certification à la banque privée de l’INSEAD, le nouveau diplômé a effectué ses premiers pas de banquier au « family office » d’Aforge Degroof. Il a ensuite rejoint, en février 2010, la prestigieuse Banque Neuflize OBC à Paris. Pourquoi avoir quitté ce confortable siège parisien pour Hong Kong ?
Hong Kong, clé de voûte
« Nos clients voyagent sans cesse. Ce sont des hommes d’affaires citoyens du monde, qui font régulièrement escale à Hong Kong, porte d’entrée sur la Chine et sur l’Asie Pacifique, » répond Laurent Mesnier. Il précise : « Plate-forme internationale, Hong Kong est la place d’échanges où tous les financiers se rencontrent. Elle est un facilitateur de connexions entre toutes les nationalités. Les entrepreneurs se sentent à l’aise dans le cadre juridique et réglementaire qui prévaut dans cette région administrative spéciale de Chine. »
Son autre avantage est d’être dotée d’infrastructures efficientes (aéroport, métro, bus, tramway, taxis) permettant de se déplacer rapidement, avec ponctualité, d’un point à l’autre de la ville. « Il est si facile de fixer un rendez-vous à Hong Kong, de tout coordonner,» apprécie Laurent Mesnier.
Le risque réglementaire
A l’image des autres banquiers privés du groupe, sa rémunération provient aujourd’hui des actifs apportés en gestion (au groupe ABN AMRO) par les clients dont il s’occupe. « Je ne suis pas rémunéré au service comme un consultant (« advisory »), » indique l’expert. Et pour cause, la facturation des clients pour des services, autres que ceux classiquement proposés par les banques privées, est fortement restreinte par la réglementation bancaire internationale et européenne. D’ailleurs, un éventuel renforcement de cette dernière, à la faveur d’une standardisation encore plus marquée du rôle de banquier privé, est à craindre. Limitant de facto sa fonction à celui de gérant global de fonds de placements, cette future réglementation, plus stricte, pourrait venir contrarier les ambitions des adeptes du modèle modernisé de banquier actif. Au détriment de l’essor personnel de ses clients.
(Repris par www.lepetitjournal.com/hong-kong ; Le Petit Journal de Hong Kong )