Serena Shao, experte montante de l’analyse financière de la santé chinoise chez CLSA

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 – Serena Shao s’installe posément dans la salle de conférence hongkongaise de la grande maison de courtage asiatique CLSA. Elle est prête à écouter, habituée à mobiliser ses qualités d’analyste. Pourtant, cette fois, c’est elle qui doit raconter son parcours captivant, avec sa prestance rayonnante et son sourire débordant de vitalité.

« Je suis souriante mais je suis une personnalité résolue, solide, » prévient-elle. Ce dont il ne fait aucun doute. Plusieurs fois dans sa vie, la spécialiste du secteur de la santé chinoise a su s’adapter à de multiples environnements inconnus, sans jamais choisir la voie de la facilité.

A la conquête de l’Ouest
D’abord, l’originaire de la province chinoise du Hubei a quitté son pays natal à 21 ans pour les États-Unis. Après des études de chimie à l’Université Jiao Tong de Shanghai, elle a rejoint l’Université de Buffalo (publique) de l’État de New-York américain. Bénéficiant d’une bourse d’études, confirmée au bout d’un an après l’obtention obligatoire d’un examen d’Anglais de haut niveau, la jeune femme y a suivi les cours du Master de chimie physique et de biophysique de la faculté (entre 2003 et 2006).
« Comme je souhaitais donner un sens pratique à ces connaissances académiques, j’ai cherché ensuite à exercer dans une entreprise de l’industrie pharmaceutique, » indique Serena Shao. Cet objectif a été atteint chez Vertex Pharmaceuticals, société spécialisée dans les biotechnologies, basée dans la région de Boston. « Gérant des projets de recherche et développement, j’ai pu en observer les divers procédés et étapes. J’ai eu également de nombreux échanges avec la Food and Drug Administration (FDA), l’autorité réglementaire de santé américaine, dont j’ai appris le fonctionnement, » raconte la scientifique.
Le désir d’approfondir l’étude de la finance du secteur pharmaceutique est venue de « l’intégration, dont j’étais en charge, au sein de Vertex, d’une société tout juste acquise dotée d’un portefeuille de médicaments en phases initiales de développement. Le travail financier concernant cette opération m’a captivé, » se rappelle Serena Shao.
Souhaitant dès lors suivre une formation alliant sciences et finances, l’experte a rejoint les rangs du MBA du MIT (Massachusetts Institute of Technology) Sloan School of Management en 2010. Soucieuse d’accroître son expertise du terrain autant que son savoir, la jeune femme, toujours prête à relever des défis sur plusieurs fronts, a suivi en même temps le programme optionnel « Finance Track » tout en président le club santé (« healthcare club ») de l’Institut. « Participant à des compétitions pour le financement de projets, j’ai été confrontée directement aux pratiques financières du secteur, » se réjouit-elle.

Le choix de Hong Kong
Cette expérience s’est révélée être un tremplin. Serena Shao a été recrutée immédiatement par Bank Of America Merrill Lynch à Hong Kong en qualité d’analyste financier assistante, avant d’être promue à la position d’analyste financier du secteur de la santé chinoise un an après. Ses compétences n’ont pas été remarquées seulement en interne et elle a été invitée à rejoindre CLSA, où elle exerce la fonction de responsable de l’industrie pharmaceutique chinoise depuis mars 2015.

Pourquoi avoir choisi de s’installer à Hong Kong, après avoir vécu prés d’une dizaine d’années aux États-Unis ? « L’industrie pharmaceutique américaine est mature. Elle offre moins de potentiel de progression de carrière qu’en Chine, où le secteur de la santé est en train de s’épanouir. Il y est donc plus facile d’exposer et de mettre en valeur son expertise. J’ai préféré venir et vivre à Hong Kong plutôt qu’en Chine Continentale – où je n’ai jamais travaillé – en raison d’un environnement des affaires qui m’est familier. Hong Kong est « au milieu », combinant culture chinoise et réglementation « occidentale ». C’est une place internationale qui réunit diverses nationalités. J’aime découvrir de nouvelles cultures, » explique Serena Shao.

Une expertise solide, la clé de la réussite féminine
La scientifique a-t-elle observé une discrimination vis à vis d’elle de la part des hommes au cours de sa carrière menée tambour battant ? La jeune femme répond : « C’est aux États-Unis où la transparence, l’équité au travail est la meilleure, même par rapport à Hong Kong. En Asie, notamment en Chine, le moteur des affaires est le relationnel. Or, l’accès aux réunions mondaines professionnelles, hors des bureaux, généralement organisées entre hommes, est souvent fermé aux femmes. L’évolution de carrière et la reconnaissance des qualités de métier des femmes, où qu’elles soient situées dans le monde, sont avant tout liées à la valeur ajoutée de leur expertise et à leur consistance. Les femmes qui ciblent des responsabilités n’ont ni le droit à la superficialité ni à l’erreur. »

Le meilleur moment
Serena Shao prodigue également quelques conseils à la jeunesse chinoise qui souhaiterait rejoindre les rangs de l’industrie pharmaceutique. « Témoins de multiples cas de succès rapides, de créations soudaines de fortunes impressionnantes dans leur entourage, les jeunes d’aujourd’hui veulent souvent aller trop vite. Or, il faut savoir être patient, ne pas sauter les étapes, ne pas se précipiter sur une occasion si elle n’est pas pertinente. En arrivant trop tôt, elle peut conduire à l’échec. Il faut apprendre à saisir sa chance au bon moment. Parfois, obtenir quelque chose le plus tard est le mieux. Il faut acquérir des connaissances dans une optique de long terme et devenir un expert dans son domaine, » recommande vivement l’analyste financier. Cette invitation à la sagesse est d’autant plus légitime qu’elle vient d’une personnalité entreprenante, qui a fait habilement ses preuves à maintes reprises.

(Available in English)

(Repris par www.lepetitjournal.com/hong-kong ; Le Petit Journal de Hong Kong )